Soumis par Claude Maccari le dim 23/10/2022 - 08:57

 

Lettre ouverte du « collectif Fier Aravis » et de l’association « Pour une Transition Participative à Thônes » aux habitants.es de La Clusaz et de l’ensemble de la Vallée de Thônes

Nous avons tous pu constater durant ces six derniers mois combien il a fait chaud et sec, et les répercussions sur le niveau des rivières et des sources dont certaines se sont même taries. II a été mis en place début août des restrictions de l’usage de l’eau par arrêté préfectoral.

 

Les différentes sources de la Clusaz ont baissé drastiquement au point d’inquiéter le fournisseur d’eau « O Des Aravis » et ce à juste titre. Même la source de la Gonière (principale source d’alimentation de La Clusaz) n’est pas épargnée et ne fournit plus assez d’eau pour alimenter le cours d’eau du Nom qui a été quasiment asséché. Et si à Thônes le service a pu être maintenu avec des restrictions d’usage, elles ont aussi fortement baissées,

Cette sécheresse printanière et estivale n’a pas permis le remplissage de toutes les retenues collinaires. Le manque d’eau n’a pas épargné non plus les agriculteurs qui n’avaient pas la chance d’avoir de grandes capacités de stockage et a obligé certains à bouger leur troupeaux. Partout nous constations que la nature était en demande et seules les zones humides ont conservé l’humidité de surface.

Ce que nous avons connu cet été reviendra inexorablement dans les prochaines années. Il est donc de la responsabilité des élus, de O des Aravis (pour les communes concernées) et des services de l’état de mettre en œuvres des recherches de solutions et de revoir les priorités.

 

Nous pouvons affirmer aujourd’hui que la solution n’est pas dans une nouvelle retenue collinaire sur le plateau de Beauregard, (pour ne parler que de l’aspect eau potable)

 

  • Elle serait remplie en pompant à la Gonière ce que le débit actuel ne permet pas, et le sera encore moins au vu des sécheresses à venir.

  • L’eau ainsi stockée serait impropre à la consommation et non fromageable pour l’agriculture.

  • Une évaporation constatée cette année de 27% et qui pourrait atteindre 50%.

  • Un coût énergétique important pour pomper et remonter l’eau sur le plateau.

  • Un détournement de l’eau au détriment des bassins versants et des cours d’eau.

  • Un coût financier de plus de 10 000 000 € ne serait pas raisonnable au regard de la situation financière de La Clusaz et de O des Aravis.

  • Obligation d’installer une unité d’ultra filtration et traitement qui est décrite au projet mais pas programmée, ni budgétisée à court et moyen terme.

  • La charge financière serait si importante qu’il deviendra impossible d’entretenir les réseaux dans les prochaines années et réparer les récurrentes fuites du réseau d’eau.

  • Le transfert de compétence de l’eau à la CCVT sera obligatoire avant 2026. Le surcoût pour le financement de l’unité d’ultra filtration et de traitement serait répercuté sur tous les habitants de la vallée.

 

Face à ce constat, il existe une alternative qui n’a jamais été explorée, volontairement et obstinément.

 

La nappe phréatique du Bossonnet dont tout le monde a entendu parler suite au rapport très fourni et détaillé du cabinet Ginger que chacun peut consulter en mairie ou à O des Aravis.

Mais qu’attendons-nous pour sonder ? Voilà la question que chacun doit poser aux élus.

Affirmer qu’il n’y a rien tant qu’aucun sondage en profondeur n’ait été réalisé comme le préconise le rapport Ginger, cela signifie que les mesures d’évitements obligatoires dans le dossier du projet de retenue n’ont pas été faites.

 

Pour bien comprendre …

 

Tout projet de cette ampleur doit comporter une démarche E R C ( Eviter, Réduire et Compenser)

  • Eviter, c’est rechercher toutes les solutions pour éviter le projet. Au départ la retenue était destinée uniquement à la neige artificielle et a muté en eau potable uniquement pour avoir la DUP (déclaration d’utilité publique) indispensable pour sa validation. Pour l’eau potable, la potentielle nappe du Bossonnet, n’a pas été prise en compte dans les mesures possibles tout comme un certain nombre de sources. Autre point à développer : la connexion des réseaux des autres villages de la vallée en particulier avec le Grand-Bornand qui possède une ressource en eau importante.

  • Réduire, il n’en a jamais été question puisqu’il est prévu de doubler le réseau de canons à neige.

  • Compenser, est-ce que la pose de quelques nichoirs est une manière de réhabiliter et sauvegarder la destruction d’habitats et d’espèces protégées ?

 

Des bassines interconnectées

L’ensemble des retenues collinaires sont toutes connectées entre elles ce qui permet de les remplir suivant les besoins et de les approvisionner depuis la source de la Gonière, dans la mesure du possible. La retenue de Balme a un revêtement sanitaire qui lui confère la possibilité de servir de ressource en eau dite potable, seulement après filtration et traitement de son eau. (non opérationnel ce jour et donc à prioriser…). Une maintenance permanente est obligatoire. Changer les revêtements des trois autres retenues peut aussi faire partie des projets envisageables.

 

De l’eau pour les agriculteurs

L’eau des retenues est impropre à la consommation humaine et non conforme pour les fermes qui produisent du fromage sans une filtration et un traitement au préalable. Les exemples d’agriculteurs qui bénéficient de cette eau sont connectés sur les colonnes montantes qui alimentent les bassines, mais jamais directement à celle-ci. Soutenir financièrement les agriculteurs pour l’installation de réserve à proximité de leur ferme semble plus judicieux, comme certains en ont déjà bénéficié.

Un coût énergétique

Dans le dossier de présentation du projet aucune ligne sur le cout énergétique.

Devant l’envolée des prix de l’électricité, il va falloir réduire nos consommations et surtout ne pas en créer davantage.

 

Un coût environnemental

Pourquoi le coût environnemental des chantiers n’est jamais calculé et donc non pris en compte dans les projets (pollution des pelles mécaniques, des camions, des explosifs…) ?

Par ces temps de sècheresse et canicules, avons-nous encore le droit de mettre en œuvre une retenue collinaire de 148 000 m3 dans une zone de biodiversité avec pour seul objectif de doubler le pourcentage de surface de pistes enneigées avec de la neige artificielle situées à moins de 1500m pour certaines ?

Pouvons-nous accepter qu’un avis favorable soit donné avec 76% d’avis défavorables à lenquête publique?

Jusqu’à quand allons-nous dérouler le tapis rouge aux promoteurs immobiliers en leur garantissant de la neige, en autorisant les piscines, les jacuzzis… ?

Tout cela a un coût environnemental que notre vallée ne pourra bientôt plus supporter : pollution, manque de ressources (eau, électricité), saturation du réseau routier, destruction de la biodiversité, flambée des prix de l’immobilier (12000 le m² au centre la Clusaz, 6000 € à Thônes).

 

Pouvons-nous enfin agir dans le sens de la sobriété, en sortant du modèle économique qui ne repose que sur la croissance, la rentabilité, la concurrence, les rapports de force… ?

 

Nous parlons dans cette lettre, plus particulièrement du projet de retenue collinaire mais de nombreux autres projets nous inquiètent : le développement immobilier inconsidéré, la prolifération des nouvelles résidences hôtelières de luxe, l’ascenseur valléen de Thônes à la Clusaz par le plateau de Beauregard, des projets de retenues collinaires pour la neige à la Croix Fry et au Danay, ainsi que la liaison inter station, la transformation du plateau de Cenise en station nordique, avec là aussi, la construction d’un ascenseur valléen

 

Après ce tour d’horizon, en cette période de dérèglement climatique, chacun peut comprendre que l’intérêt de tous, passe par plus de sobriété et des alternatives inexplorées. L’avenir de nos villages ne passe pas par la capacité à faire de la neige artificielle mais par notre volonté à rechercher de l’eau potable (nappe du Bossonnet), à réduire notre impact environnemental et notre consommation d’énergie, à développer des solidarités intercommunales par la connexion de nos réseaux, à préserver notre cadre de vie….

 

Prochainement les collectifs et associations de la vallée vous inviteront à venir échanger et débattre de tous ces sujets dans un esprit de dialogue constructif.

Dès à présent vous pouvez dialoguer par mail collectif.fier.aravis@gmail.com ou contact@thones-transition-participative.fr

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