Soumis par Claude Maccari le dim 14/03/2021 - 10:38
Versant Est du Lachat

Scot Fier Aravis, un développement touristique à repenser
Nous assistons à un changement de paradigme, ce qui nous semble très préjudiciable à l’environnement. Alors que les stations des Aravis s’inscrivaient dans un développement touristique à visage humain et un cadre de vie préservé et authentique, les stations ont l’ambition de se développer en direction de la clientèle internationale, avec les aménagements correspondants, comme l’extension des domaines skiables, l’inter liaison des stations, l'augmentation de la neige de culture. Un modèle de développement touristique dit de"l’or blanc" fondé de manière univoque sur le ski, qui semble aujourd’hui anachronique et prolonge des schémas datant des années 1960.

L’agrandissement des domaines skiables (photo versant Est du Lachat) provoquerait par ailleurs une fuite en avant en ce qui concerne la gestion de l’eau. Plus de remontées mécaniques situées à des altitudes assez modestes nécessitent le développement de la neige artificielle, donc la création de retenues collinaires implantées sur des alpages ou à proximité de zones sensibles. Et ce dans un contexte de réchauffement climatique. Nous sommes bien loin d’un développement doux et maitrisé, respectueux des équilibres et de l’environnement.

Les nombreux défrichements et l’installation de nouvelles remontées mécaniques auront par ailleurs un impact non négligeable sur la beauté des paysages des Aravis. Comme nous l’avons constaté en cette période de pandémie, nos territoires sont restés attractifs. Il serait judicieux de développer des alternatives à la "monoculture" du ski alpin, répondant à un tourisme quatre saisons, en explorant par exemple la totalité des ressources culturelles et paysagères de notre beau massif.

UTNS 1 et 2 Club Méditerranée à la Clusaz et au Grand Bornand : nous restons vigilants quant au devenir de ces projets : le dimensionnement des projets des centres touristiques va-t-il évoluer pour échapper aux règles des UTNS et être soumis aux "seules règles" des UTN Locales (PLU) ?

UTNS 4 liaison par le Danay : jusque là dédié aux activités agropastorales et forestières ainsi qu'aux balades à raquettes et au ski de fond, c'est un espace vierge qui va être équipé. Si la CCVT a renoncé à la liaison avec Saint Jean, la piste retour station versant Nord est maintenue.Ne serait-ce pas là, l'aveu qu'il n'est guère raisonnable d'espérer un enneigement viable à des altitudes moyennes, puisqu'il faut recourir à un dispositif d'enneigement artificiel avec une retenue collinaire, même en exposition Nord ? Enfin, cette liaison entre le Grand Bornand et La Clusaz va avoir un impact bien supérieur à celui décrit dans le projet de révision du SCOT : perturbation de la faune sauvage et dégradation de superbes paysages visibles depuis de nombreux balcons pédestres (hiver comme été).

UTNS 6 versant Est du Lachat : le projet comprend la construction d'un télésiège d'une longueur de 1 km permettant de remonter vers le sommet de la vallée du Maroly et la création d'un réseau de 3 pistes et de 2 variantes sur un espace actuellement non dédié au ski et ensoleillé une grande partie de la journée. Pour enneiger les deux pistes principales, une retenue collinaire de 50 000 m3 est envisagée. Un projet très contestable, car situé à une altitude relativement basse, nécessitant de la neige de culture, donc un fort besoin en eau, et générant un impact visuel important depuis la vallée du Bouchet et de tous les balcons des Aravis. De plus, le versant Est du Lachat est un secteur d’alpages, indispensables à l'activité agricole. 

UTNS 8 ascenseur valléen Thônes Beauregard : elle s'inscrit dans un contexte de mobilité globale. Problème crucial en ce qui concerne l'accès aux stations saturé hiver comme été. Implantée sur une distance de 6 km partant de Thônes et arrivant à la pointe de Beauregard, la télécabine aurait un fort impact environnemental et paysager (parking de plusieurs centaines de véhicules proche du centre-ville) et ne résoudrait en rien l'acheminement des skieurs séjours.

Une ressource en eau fragile
La pression sur la ressource en eau générée par l’addition des différents projets (retenues collinaires liées à la neige de culture) et l'accroissement de la population est considérable et n’a pas été suffisamment prise en compte dans le SCOT. Dans un contexte de changement climatique, l'Autorité Environnementale alerte et soulève la fragilité de la ressource en eau et du traitement des eaux usées. La CCVT annonce que des précisions sur la gestion de la ressource en eau seront apportées. Pour nous, une anticipation s’avère nécessaire compte tenu d’un inévitable "effet de ciseau" entre les courbes démographiques et l'état des stocks hydriques. La première est promise à un accroissement, alors qu’aucune progression n’est à attendre - bien au contraire - pour la seconde, au regard du réchauffement climatique.

 

Une évolution démographique surévaluée

La CCVT a fait le choix de réaffirmer la projection d’une croissance démographique de 1,2 % alors que la croissance effective annuelle est 0,74 % entre 2006 et 2018 (source INSEE). Comment peut-on balayer d’un revers de main cette réalité des chiffres ? Ce choix inverse la stratégie en ouvrant la voie à une offre artificielle de logements pour répondre à une ambition démographique. Nous nous interrogeons sur la pertinence de cette politique, tant elle aura d’impact sur l’urbanisation, l’artificialisation des sols, la ressource en eau, le dimensionnement de nombreux services (écoles, crèches…), la mobilité et au final sur le bien-être quotidien des habitants.
 

Mobilité, un enjeu majeur pour le territoire
Le rapport du commissaire enquêteur précise à plusieurs reprises qu’une étude globale sur la mobilité va s’engager. Nous espérons que ces solutions concerneront une offre de transports collectifs hiérarchisés, le développement d'un réseau de mobilité douce, continu et sécurisé, l'implantation d'aires de covoiturage et de parkings relais sur des secteurs stratégiques. Nous constatons que notre réseau lié aux 3 bassins de vie (Faverges, vallée de l'Arve, Annecy) historiquement chargé aux périodes hivernales, est aujourd'hui saturé au quotidien.

Une politique foncière positive pour les activités économiques
Les zones d'activité regroupent le quart des emplois et se sont multipliées sans cohérence. Actuellement elles sont au nombre de 31, souvent sur des surfaces modestes. Le SCOT propose une stratégie différente avec un coup de frein positif à la consommation d'espaces dédiés (de 40 hectares à 12 hectares), une priorité accordée à l'optimisation de l'existant, la hiérarchisation des zones (structurantes, secondaires), la concentration des zones commerciales et la prise en compte de qualités paysagère et environnementale. 

 

Agriculture, des mesures à amplifier

Nous avons bien noté les réponses apportées par la CCVT aux problématiques soulevées lors de l’enquête publique. Il y a des avancées significatives pour les enjeux agricoles et forestiers, cependant il apparait que la CCVT ne s’engage pas clairement sur le foncier afin de pérenniser les exploitations agricoles.
 

Le collectif souhaite qu’une démarche participative soit mise en place à l’échelle du territoire avec des débats éclairés et non dans un langage technique souvent abscons, afin que les citoyens puissent se faire une opinion objective. Le collectif sera vigilant à ce que les évolutions proposées respectent notre territoire, nos ressources, notre culture, soient attentives aux conditions de vie des citoyens avec un développement socio-économique durable et solidaire.

 

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